LENSOIS
par Frédéric Pinchon
C’est une annonce aussi spectaculaire que controversée : le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, vient de confirmer que la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, accueillera d’ici la fin de l’année les 200 plus gros narcotrafiquants de France. Cette décision marque un tournant dans la stratégie nationale de lutte contre le trafic de drogue. La justice concentre les profils les plus dangereux dans un établissement pénitentiaire à haute sécurité.
Située à seulement quelques kilomètres de Lens, la maison d’arrêt de Vendin-le-Vieil est connue pour ses installations ultra-sécurisées. Le dispositif a déjà été testé lors de l’incarcération de figures du grand banditisme. Le 4 juin, des rues de Vendin étaient barrées. Les autorités ont profité du fait que le centre pénitentiaire soit vidé de ses détenus pour tester des tentatives d’évasion et pratiquer des exercices.
La rue le vit mal
La nouvelle passe mal chez certains riverains. « Franchement, ça fait peur. Ce ne sont pas des voleurs de vélo qu’on va avoir à côté mais des chefs de cartel ! », s’indigne Michel, 63 ans, retraité. Devant une boulangerie du centre-ville, Sophie, jeune mère de famille, s’inquiète aussi : « J’ai des enfants. Savoir que ces types seront à 5 kilomètres de chez moi, ça me rend nerveuse. Et si leurs réseaux tentaient quelque chose ? »
D’autres, plus fatalistes, relativisent. « Ici ou ailleurs, il faut bien les enfermer quelque part », lâche Mehdi, 29 ans. « Et Vendin, c’est pas une prison ouverte non plus. C’est du béton, de la surveillance 24h/24. »
L’installation progressive des narcotrafiquants commencera dès septembre. Elle s’achèvera en décembre prochain. Des transferts sont déjà en cours dans d’autres établissements pour faire de la place. Plusieurs détenus, jugés moins dangereux, ont été déplacés dans des prisons de l’Est ou du Sud de la France. Ils se retrouvent loin de leurs familles. Cette initiative suscite l’indignation de certaines associations de soutien aux détenus.
Profils à risques
Le ministère justifie cette centralisation par une meilleure gestion des profils à risques et une sécurisation renforcée. Cependant, l’opération soulève de nombreuses interrogations locales. L’avenir dira si la ville de Vendin-le-Vieil et, par extension le bassin lensois, peut s’accommoder de voisins si particuliers.
En attendant, une réunion publique est annoncée à la mairie de Vendin dans les jours à venir. Preuve que, même si la décision est prise par les autorités, le sujet est loin d’être clos pour la population.
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