VILLENEUVE-D’ASCQ
par Frédéric Pinchon
Un débat inattendu agite la ville de Villeneuve-d’Ascq, à côté de Lille. Le restaurant Copains comme cochons, 50 couverts, est connu pour ses plats généreux à base de porc. Dernièrement, il a reçu une lettre. La missive émane de l’association PETA (Pour une éthique dans le traitement des animaux.
Une lettre chamboule tout
Dans ce courrier simple, l’organisation demande à la direction « de retirer du menu les plats à base de porc de son menu ». La structure invoque des raisons éthiques et le respect des animaux. La requête a suscité une vive réaction du responsable de l’établissement nordiste et des habitants de la cité.

Dans sa lettre, l’association propose d’introduire des options végétariennes ou véganes. Objectif : attirer une clientèle soucieuse du bien-être animal et de l’environnement. « Nous ne cherchons pas à attaquer ce restaurant en particulier. Notre démarche vise à ouvrir le dialogue. Il s’agit de les inciter à réfléchir à leur impact sur les animaux et la planète », ajoute Anissa Putois. Selon elle, « les porcs sont suppliciés à l’abattoir ».
« Le cochon, c’est le Nord ! »
PETA souligne l’importance de reconsidérer l’usage du porc dans la restauration. « Ce sont des animaux intelligents et sensibles. Les cuisiner, pour le simple plaisir gustatif, n’est pas justifiable », lit-on. « Aujourd’hui, des alternatives végétales permettent de reproduire les saveurs et les textures de manière éthique », précise Anissa Putois, contactée le 22 janvier. Âgée de 33, ans, c’est la chargée de communication de PETA France.

Face à cette requête, Copains comme cochons ne cache pas son incompréhension. Patrice Cneuvels, 59 ans, est propriétaire du site depuis 2020. Il a aussi 3 autres restaurants dans le Lillois. « Nous avons été choqués, par cette demande. Notre restaurant célèbre la convivialité et les traditions culinaires du Nord », a expliqué le patron, lundi. Selon lui, « les plats à base de porc, comme le jambon grillé ou la carbonnade, font partie intégrante de notre identité ».
Concernant le traitement des animaux en abattoirs, il répond : « Je suis charcutier de métier. J’y ai travaillé jadis. Tout a changé ». D’après le patron lillois, « PETA évoque un gazage des porcs. Faux ! Les bêtes sont endormies puis découpées. J’aime les animaux mais ce courrier est absurde. Il ne faut pas tout confondre. C’est nous les humains ! ».

Patrice Cneuvels reconnaît l’importance de respecter les convictions de chacun. Toutefois, le boss relativise : « Retirer le porc du menu serait contraire à l’esprit du restaurant. Nous avons déjà intégré des options végétariennes à notre carte. Nous voulons satisfaire une clientèle diversifiée ».
« Ne pas toucher à la tradition »
Dans les rues de Villeneuve-d’Ascq, l’affaire divise les habitants. 3 passants interrogés expriment des points de vue contrastés. Camille, étudiante en biologie, soutient l’initiative de PETA : « Je suis végane. C’est bien que les associations poussent les restaurateurs à évoluer. On peut très bien se régaler sans viande ».
Jean-Pierre, retraité habite le quartier. Il est catégorique : « On touche à nos traditions. Le cochon, c’est le Nord ! Si ce restaurant doit enlever le porc, alors on perd une partie de notre culture culinaire. C’est exagéré. » Lucie, mère de 2 enfants, est plus mesurée : « Pourquoi ne pas proposer des alternatives végétariennes en gardant le porc ? ».

Au-delà de Villeneuve-d’Ascq, cette polémique reflète un débat sociétal plus large. Il concerne l’évolution de la consommation alimentaire. De plus en plus de voix s’élèvent. Elles dénoncent l’impact de l’élevage intensif sur l’environnement et le bien-être animal. Dans les Hauts-de-France, où les traditions gastronomiques sont profondément ancrées, la question reste sensible…
Aucun dialogue en vue
Pour Anissa Putois, le dialogue reste la priorité : « Nous ne voulons pas opposer les traditions aux évolutions nécessaires. On espère que Copains comme cochons saura évoluer. Le restaurant pourrait intégrer davantage de plats végétaux et continuer à valoriser son savoir-faire ».
Reste que Patrice Cneuvels ne l’entend pas de cette oreille : « Je ne répondrai pas à PETA. Imposer une telle mesure serait une atteinte à la liberté de notre métier ». Pour le boss, « Cette pénible affaire nous fait finalement de la publicité. Depuis huit jours, on reçoit des tas de témoignages de soutien ». Le restaurateur est catégorique : « Nos clients viennent pour se régaler avec des produits du terroir. On ne peut pas renier ce qui fait notre ADN ».
Controverse révélatrice
Le débat illustre les tensions entre défense des traditions culinaires et revendications éthiques. Elle pose une question fondamentale : jusqu’où peut-on aller pour concilier gastronomie et respect des animaux ? Le restaurant lillois continuera de proposer ses spécialités à base de porc. Copains comme cochons existe aussi à Reims ; Le Bessat ; Rennes et Perpignan. « Tous les restaurants sont indépendants », conclut Patrice Cneuvels.
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