CALAIS
par Frédéric Pinchon
Un contrat de perdu et tout s’en va ! C’est la fin du nerf industriel à Calais. L’usine « Marck et Balsan », fermera bientôt ses portes définitivement. Motif : elle a perdu un contrat crucial avec l’armée française. Cette entreprise, spécialisée dans la confection d’uniformes militaires, vient d’annoncer la cessation de ses activités. Cet arrêt brutal marque la fin d’un chapitre industriel et vieux de plusieurs décennies.
« Décision douloureuse »
Fondée en 1948, l’usine « Marck et Balsan » a longtemps été un pilier de l’économie locale. Elle a employé jusqu’à 120 personnes à son apogée. Elle s’était taillé une réputation d’excellence dans la fabrication d’uniformes pour les soldats français, répondant aux exigences techniques et qualitatives de l’armée. Cependant, la perte récente d’un contrat majeur, avec l’Etat, précipite sa fermeture. Désormais, la production de ces uniformes sera délocalisée à Madagascar. Là-bas, les coûts de main-d’œuvre sont nettement inférieurs.

Interrogé sur cette fermeture, le directeur général de l’usine Laurent Marck, exprime son amertume : « C’est une décision douloureuse mais inévitable. Nous avons tout fait pour rester compétitifs. Face à la concurrence internationale, nous ne pouvions plus rivaliser. » Il souligne l’impact social de cette fermeture : « 120 familles vont être affectées. C’est un coup dur pour la région Hauts-de-France. » Pour l’heure, aucune précision n’est été donnée sur la date de fermeture annoncée.
L’avis des salariés
Parmi les employés, le sentiment dominant est celui de l’inquiétude. A la sortie de l’usine, sur le parking, Marie, une ouvrière de 52 ans, témoigne : « Je travaille ici depuis trente ans. Je ne sais pas comment je vais rebondir à mon âge. » Pierre, un autre employé, ajoute : « On savait que les contrats étaient fragiles. On espérait toujours un sursaut. Là, c’est la fin. » Dans les rues de Calais, la fermeture de l’usine suscite des réactions contrastées. Interrogés, 3 habitants partagent leur point de vue.
Martine, 67 ans, retraitée.- « C’est une triste nouvelle. Cette usine faisait partie du paysage de Calais. Je comprends que l’armée française cherche à réduire ses coûts mais à quel prix ? Des emplois perdus, des familles fragilisées… C’est une délocalisation de plus qui ne profite qu’aux actionnaires. »

Ahmed, 34 ans, commerçant.- « Je connais l’usine. Je ne savais pas qu’elle employait autant de monde. C’est dommage pour les salariés. Hélas, c’est la réalité de la mondialisation. Si on veut rester compétitifs, il faut parfois prendre des décisions difficiles. »
Sophie, 29 ans, étudiante.- « Je trouve ça scandaleux de délocaliser en Afrique. On parle de créer des emplois ici. En réalité, on les envoie ailleurs. Et puis, est-ce que les conditions de travail à Madagascar seront respectées ? J’en doute. »
Cette délocalisation interroge
La décision de transférer la production à Madagascar soulève des questions éthiques et économiques. Certes la délocalisation permet de réduire les coûts. Pourtant elle s’accompagne souvent d’une précarisation des conditions de travail dans les pays concernés. Par ailleurs, elle accentue le sentiment d’abandon dans les régions industrielles françaises, déjà touchées par des fermetures d’usines successives, depuis des lustres…

La fermeture de « Marck et Balsan » est un nouveau coup dur pour Calais. La ville a vu son tissu industriel se déliter au fil des ans. Les élus locaux appellent à une relance économique. Cependant les solutions peinent à se concrétiser. Xavier Bertand, président de la région Hauts-de-France et ancien ministre, n’a pas encore commenté l’information. En attendant, les salariés de l’usine devront se reconvertir, dans un contexte où les opportunités d’emploi restent limitées.
Ce coup dur pour Calais symbolise les défis auxquels fait face l’industrie française : concurrence internationale ; délocalisations et fragilité des emplois locaux. Pour Calais, une page se tourne. La nouvelle laisse place à une incertitude grandissante, quant à son avenir économique. Natacha Bouchart, maire de Calais, est amère : « C’est une mauvaise et terrible nouvelle. Il est intolérable de voir comment on massacre le made in France dans notre pays. »
– A lire aussi –
A Souchez, un restaurant inauguré par un président ferme.
8 M€ pour redynamiser la gare de Lens et ressuciter le Caron
Merci de laisser votre avis 🙂