SOCIÉTÉ
par Frédéric Pinchon
La Commission européenne réfléchit depuis 2022 à un projet de loi sur le permis de conduire des seniors. Malgré des oppositions, notamment en France et en Belgique, le permis de conduire des personnes de plus de 70 ans pourrait bien être limité à une durée de cinq ans.
En mars 2025, la France a confirmé un principe inchangé depuis des décennies : le permis de conduire reste valable à vie, sans limite d’âge supérieure. Une exception notable en Europe. En effet, plusieurs pays voisins imposent des contrôles médicaux réguliers, voire une date limite pour la conduite des seniors.
Exception française
L’Espagne, par exemple, impose une visite médicale quinquennale, dès 65 printemps. En Italie, le renouvellement du permis devient plus fréquent, après 70 ans. Il s’accompagne d’un contrôle médical. Aux Pays-Bas, un examen médical est requis tous les cinq ans, à partir de 75 ans. Enfin, au Danemark, les conducteurs de plus de 75 ans doivent renouveler leur permis tous les deux ans et avec un certificat médical à la clé.

En France et en Belgique, rien de tout cela ! La législation repose sur un principe fort : évaluer les capacités individuelles plutôt que fixer un seuil arbitraire. L’idée est simple : tous les seniors ne perdent pas leurs réflexes, ou leur acuité, au même rythme. « Ce n’est pas l’âge qui rend dangereux mais l’état de santé », insiste Anne-Marie Deschamps, gériatre à Lille. « Certains de mes patients de 80 ans conduisent mieux que des jeunes pressés et distraits par leur téléphone. »
Mais cette liberté suppose une responsabilité. Les conducteurs âgés doivent eux-mêmes évaluer leur aptitude à rester au volant. Cela passe par des bilans réguliers de la vue, de l’ouïe, des réflexes, et une vigilance personnelle sur les effets du vieillissement.
Les avis divergent
Dans la rue, les avis sont partagés. Paul, 72 ans, retraité à Dunkerque, estime : « Tant qu’on est en forme, il n’y a pas de raison de nous interdire de conduire. » Inès, 26 ans, étudiante à Calais, comprend la philosophie française mais s’interroge : « Mon grand-père a eu un accident à 84 ans. Il n’avait plus tous ses réflexes… Il aurait fallu un contrôle médical. »

De son côté, Yassine, 45 ans, cadre à Arras, approuve la position française : « On vit de plus en plus vieux en bonne santé. Mettre une limite d’âge serait discriminatoire. »
Pour l’instant, la France défend donc sa singularité. Mais avec le vieillissement de la population, le débat pourrait bien revenir régulièrement sur la table…
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