LENS
par Frédéric Pinchon
Alors que ce projet ambitieux vise à moderniser les infrastructures de santé dans la région, des voix s’élèvent parmi le personnel soignant de l’actuel Centre hospitalier de Lens (CHL) pour exprimer leurs craintes : le nouvel établissement pourrait, déjà, être trop petit.

Il ne pourrait donc pas répondre aux besoins croissants de la population. Mais cette affirmation est-elle fondée ? Enquête. Le NHMA, d’un coût estimé à plus de 300 millions d’euros, doit remplacer l’actuel Centre hospitalier de Lens. Ses infrastructures vieillissantes peinent à suivre l’évolution des pratiques médicales et des besoins des patients.
Répondre aux besoins
Le nouvel hôpital, situé sur le site de la fosse 9 des anciennes mines de Lens, promet des équipements de pointe. Il offrira une meilleure ergonomie pour les soignants. L’accès sera facilité pour les patients. Avec une capacité prévue de 600 lits et places, il doit également intégrer des services de soins de suite et de réadaptation (SSR). Enfin il y aura un pôle mère-enfant.

Pourtant, malgré ces avancées, certains membres du personnel soignant craignent que cette capacité ne soit déjà insuffisante. “Nous sommes déjà débordés dans l’actuel hôpital. La population ne cesse de croître. Comment un hôpital avec seulement 600 lits pourra-t-il faire face ?”, s’interroge une infirmière. La soignante préfère rester anonyme.
Le personnel inquiet
Pour vérifier ces craintes, interrogeons des membres du personnel soignant de l’actuel CHL. La majorité d’entre eux partage cette inquiétude. “Nous manquons déjà de place dans les services d’urgence et en chirurgie. Avec le vieillissement de la population et l’augmentation des maladies chroniques, il est difficile de croire que 600 lits suffiront”, affirme un médecin urgentiste. Une collègue ajoute : “Les délais d’attente aux urgences sont déjà très longs. Si le nouvel hôpital n’a pas la capacité d’accueillir plus de patients, alors la situation risque de se dégrader encore.”
Les responsables rassurent
Face à ces inquiétudes, les responsables du projet se veulent rassurants. Questionné sur le sujet, le directeur du projet NHMA, Jean Flimont, explique que “la capacité de 600 lits a été calculée en tenant compte des projections démographiques et des besoins de santé de la région”. Le responsable ajoute : “Nous avons travaillé avec des experts pour anticiper les besoins futurs. Le nouvel hôpital sera également plus efficace en termes d’organisation”. À en croire le patron, donc, tout va bien ! Les perspectives de croissance “permettront de mieux gérer les fluxs de patients”.

Le boss précise, également, que le NHMA sera doté de technologies modernes. IEt de citer la télémédecine, qui pourrait réduire la pression sur les services hospitaliers. “Nous misons sur l’innovation pour optimiser les ressources et améliorer la prise en charge des patients”, ajoute-t-il.
Question d’organisation
Cependant, des experts en santé publique restent sceptiques. Pour le professeur Marie Lefèvre, spécialiste des politiques de santé, “la question n’est pas seulement celle du nombre de lits mais, aussi, de l’organisation des soins et des moyens humains”. Elle dit encore : “Un hôpital moderne ne peut pas tout résoudre si les effectifs ne suivent pas.”

En effet, le manque de personnel soignant est un problème récurrent dans la région. C’est, du reste, le cas dans beaucoup d’autres hôpitaux de France. Si le nouvel établissement ne parvient pas à attirer et à retenir les professionnels de santé, sa capacité risque d’être rapidement saturée… Le NHMA représente une avancée majeure pour la région lensoise. Cependant, il ne constituera pas une solution miracle. Les craintes du personnel soignant, quant à sa capacité future, sont légitimes. Même si les responsables du projet affirment avoir anticipé ces défis.
Un défi à relever
La réussite du projet dépendra non seulement de ses infrastructures mais, aussi, de la capacité à attirer du personnel qualifié. L’objectif est, évidemment, d’organiser les soins de manière efficace. En attendant son ouverture, en 2027, il est essentiel que les autorités sanitaires continuent à dialoguer avec les soignants.
Il reste du temps d’ici ouverture pour apprendre à adapter le projet aux réalités du terrain. Comme le rappelle un médecin du CHL, “un hôpital, ce n’est pas que des murs. C’est avant tout des hommes et des femmes qui y travaillent.” Sans oublier des patients qui n’ont pas forcément rêvé d’y séjourner.
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