JUSTICE

par Frédéric Pinchon

Jeudi soir, Gérald Darmanin, ministre de la Justice et garde des sceaux, a fait une annonce au journal télévisé. Les prisons de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et d’Alençon-Condé-sur-Sarthe (Orne) deviendront des centres de détention qui hébergeront 200 narcotrafiquants les plus dangereux. Cette décision marque un tournant pour le site de Vendin-le-vieil, près de Lens. D’une capacité de 240 places, il est déjà connu pour accueillir 131 prisonniers à risques.

Copier le modèle italien

Désormais, il concentrera exclusivement les criminels les plus redoutés. « J’ai décidé de taper fort », a dit le garde des sceaux. Le ministre a expliqué que cette réorganisation vise à renforcer la sécurité au sein des prisons françaises. Il a axé son discours sur l’amélioration de la gestion de ces détenus particulièrement difficiles. « Vendin-le-Vieil a été choisi pour sa structure adaptée, sa capacité à isoler ces individus et son emplacement stratégique », a précisé Gérald Darmanin.

« Le projet s’inspire du modèle italien. Il consiste à mieux encadrer les prisonniers issus du grand banditisme. L’idée est aussi de limiter les risques de violence et de tentatives d’évasion », précise Mickaël Taverne. Cet ancien policier est aujourd’hui député RN de Maubeuge. Il connait bien le dossier. En effet, à l’Assemblée nationale, il fait partie des 2 rapporteurs du texte sur le narcotrafic. « Cette décision fait suite à une proposition de loi du Rassemblement national », explique-t-il. Le parlementaire ajoute : « Des prisons haute sécurité existent en Italie depuis trente ans. Là-bas, le système a fait ses preuves ».

Le syndicat UFAP réservé

Reste qu’en France, il va maintenant falloir y mettre les moyens pour faire aboutir le projet. « La sécurité du site carcéral de Vendin-le-Vieil doit être améliorée, à l’intérieur comme à l’extérieur. Là-bas on a affaire à des prisonniers qui ont du sang sur les mains », estime le parlementaire. « Il faut déterminer un budget et le tenir ». Aller jusqu’au bout du dossier, c’est aussi l’avis du syndicat UFAP (Union fédérale autonome pénitentiaire).

Depuis 2016, son secrétaire national est le Lillois Wilfried Fonck. « Cette loi, nous la réclamons depuis 1992. Nous sommes satisfaits de la décision prise par le ministre de la Justice », réagit-il. Toutefois, comme Mickaël Taverne, le syndicaliste est prudent : « On attend de voir la concrétisation du projet, tant sur le plan politique, que pratique ».

La création d’une super prison à Vendin-le-Vieil (et à terme sur 3 autres sites en France) s’inscrit dans une volonté de regrouper les profils à très haut risque. On pense, notamment, aux narcotrafiquants. « Ce concept vise à mieux les surveiller et à éviter leur dispersion dans plusieurs établissements », précise Wilfried Fonck. Cette prison a été construite il y a neuf ans.

230 surveillants y travaillent. Ils gérent 131 prisonniers. « On annonce un renfort de 26 agents à Vendin-le-Vieil. Forcément ils seront mutés depuis d’autres prisons. Le site accuse déjà un sous-effectif de 20 surveillants », tempère l’UFAP. A l’échelle nationale, la France dénombre 30.000 agents de surveillance : « Il en manque 3.000 et il va falloir former l’effectif de Vendin-le-Vieil à travailler avec des détenus d’une telle dangerosité ».

Les 100 premiers prisonniers, dits ultra-dangereux, devraient arriver à Vendin-le-Vieil entre avril et juillet. Où seront-ils hébergés et va-t-on déplacer des détenus vers d’autres prisons ? Cette perspective inquiète les familles. « Mon fils est incarcéré à Vendin-le-Vieil. Nous avons réussi à maintenir un lien. S’il est emmené loin, cela deviendra plus compliqué pour nous », témoigne une maman, Geneviève, de Sallaumines (près de Lens). « La délocalisation des prisonniers est à l’étude. Rien n’est figé. Ils seront sans doute regroupés dans un quartier à part. Il y a de la place », répond le député Mickaël Taverne.

Quid des autres détenus ?

En effet, le centre pénitentiare de Vendin-le-Vieil compte 3 bâtiments et 240 cellules. « A ce jour 131 seulement sont occupées », confirme le secrétaire local de l’UFAP, Julien. Sur le terrain, qu’en pensent les élus locaux ? Ludovic Gambiez, maire de Vendin-le-Vieil, ne parle pas à la presse. Avant la prise de cette décision, Sylvain Robert, maire de Lens la ville voisine, a écrit à Gérald Darmanin : « La prison de Vendin-le-Vieil n’est pas adaptée à un tel projet ». Dés que la nouvelle est tombée, il a réagi par un communiqué de presse : « Je prends acte de la décision du ministre de la justice d’affecter à la prison de Vendin-le-Vieil une centaine des plus grands trafiquants. »

Gérald Darmanin, ministre de la justice, a annoncé que la prison de Vendin-le-Vieil incarcérera 100 narcotrafiquants dangereux.

L’élu indique « être toujours dans l’attente de réponses claires, nettes et précises, sur l’évolution des effectifs du commissariat de Lens fortement impacté par cette décison ». Et d’ajouter : « Une super prison à Vendin-le-Vieil ne doit pas se faire au détriment des effectifs de la police nationale et de la sécurité des habitants du territoire ». Sylvain Robert demande à rencontrer Gérald Darmanin. Le choix de Vendin-le-Vieil était envisagé depuis un moment. Une association des familles de prisonniers a déjà fait part de ses préoccupations au ministère. Elle demande que les éventuels transferts soient limités à des distances raisonnables.

Le coût de la transformation du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil en super prison est estimé entre 15 et 20 M€.

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