SÉCURITÉ SOCIALE
par Frédéric Pinchon
Ce n’est pas un poisson ! À compter du 1er avril prochain, les salariés en arrêt maladie percevront une indemnisation moindre de la part de la Sécurité sociale.

En effet, le gouvernement a décidé d’abaisser de façon significative le plafond des indemnités journalières. Cette décision intervient dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2025. La mesure suscite de nombreuses réactions. Elle inquiète beaucoup de salariés. Notamment ceux dont le salaire est déjà modeste.
Le plafond passe de 53 à 41 €
Actuellement, la Sécurité sociale indemnise les salariés en arrêt maladie dès le quatrième jour d’absence. Le paiement équivaut à 50 % du salaire journalier de base, dans la limite de 1,8 fois le Smic. Cette indemnisation maximale représente, environ, 53 euros par jour. À partir du 1er avril, ce plafond sera abaissé à 1,4 fois le Smic. Cette mesure entraîne une perte d’une douzaine d’euros par jour pour les salariés concernés. Ainsi, un travailleur malade percevant l’indemnité maximale verra son indemnisation journalière réduite à environ 41 €. Evidemment les cotisations salariales ne baissent pas en compensation.

Cette réforme a été intégrée au projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2025. Elle est défendue par le ministère du Travail comme « une mesure de responsabilité budgétaire » visant à contenir les dépenses publiques. « Nous devons adapter notre système pour garantir sa pérennité et sa viabilité financière », justifie une source gouvernementale. Selon le ministère, les arrêts maladie de longue durée se sont multipliés ces dernières années. Ils pèseraient lourdement sur les finances de l’Assurance maladie. Cette réforme vise donc à maîtriser ces coûts.
Salariés et syndicats inquiets
Du côté des assurés sociaux, l’annonce passe mal. Sophie est cadre dans une entreprise de services. Selon elle, cette baisse est une mauvaise nouvelle : « En cas d’arrêt maladie, on perd déjà une partie de son salaire. Maintenant, on va encore toucher moins. Pour certains, cela va être très compliqué. »
Les syndicats dénoncent une atteinte aux droits des travailleurs. « Cette mesure pénalise directement les salariés », critique Laurent Berger. C’est l’ancien secrétaire général de la CFDT. Il souligne également que « cette baisse va accentuer les inégalités entre les salariés bénéficiant d’une complémentaire employeur et ceux qui n’en ont pas ». A terme, la mesure gouvernementale pourrait entraîner une hausse de cotisation des mutuelles santé.

Les organisations syndicales pointent aussi le risque d’un recours accru aux arrêts de travail de courte durée. « On va se retrouver avec des travailleurs qui, par peur de perdre trop d’argent, vont reprendre le travail sans être complètement rétablis », alerte un représentant de FO. Il ajoute : « Cela risque d’avoir des conséquences sur leur santé et sur la productivité des entreprises. »
400 M€ d’économies
Selon le gouvernement, cette réforme permettra à l’exécutif d’économiser environ 400 M€ d’euros par an. Cette somme est censée contribuer au redressement des comptes de la Sécurité sociale. Depuis la nuit des temps, le « creux chronique de la Sécu » est pointé du doigt. En 2023, le déficit de la branche maladie atteignait 8,8 milliards d’euros. La situation est jugée « alarmante » par les autorités publiques.

Mais pour les opposants à cette mesure, l’économie réalisée se fait au détriment des travailleurs. « Ce sont toujours les mêmes qui trinquent », s’indigne un représentant de la CGT. Des experts en protection sociale suggèrent d’autres pistes. Ils préconisent une meilleure lutte contre la fraude aux arrêts maladie. On pointe aussi du doigt une augmentation des cotisations patronales sur les arrêts de longue durée.
Alors que l’entrée en vigueur approche, le débat autour de cette réforme ne cesse d’enfler. La mobilisation syndicale pourrait-elle faire reculer le gouvernement Bayrou ? Une manifestation nationale est prévue pour la mi-mars. Reste à voir si la mesure tiendra face à la contestation qui monte dans les rangs syndicaux et chez les salariés.
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