LILLE

par Frédéric Pinchon

La métropole de Lille se prépare à transformer, une fois de plus, son paysage urbain. Au cœur de ce projet monumental : la construction d’un nouveau pont, sur la Deule. Cette infrastructure moderne, pensée pour répondre aux défis du 21e siècle, s’inscrit dans une volonté de fluidifier les déplacements. L’objectif est aussi de renforcer l’attractivité de la région et d’offrir, aux Lillois, une infrastructure emblématique. Retour sur un chantier qui promet d’être un jalon historique dans le développement de la capitale des Flandres.

Projet d’envergure régionale

La Deule, rivière emblématique de la région, traverse Lille et ses environs. Elle relie des quartiers historiques, industriels et résidentiels. Si plusieurs ponts la franchissent déjà, l’accroissement de la population et la multiplication des activités économiques, ont entraîné une saturation de ces infrastructures.

Pour y répondre, la métropole européenne de Lille (MEL) a lancé un projet titanesque : un pont multifonctionnel. Cet ouvrage devrait à la fois accueillir voitures, transports en commun, cyclistes et piétons. Situé entre les quartiers de Bois-Blancs et d’Euratechnologies, ce pont vise à désenclaver certaines zones tout en renforçant la connexion avec les pôles économiques. “Ce n’est pas seulement un pont, c’est un trait d’union entre les générations et les usages”, explique Martine Aubry, maire de Lille.

Défi architectural et écologique

Ce pont ne sera pas qu’une simple infrastructure fonctionnelle. Conçu par le cabinet d’architectes néerlandais Zwaan et associés, il promet d’être un symbole esthétique, mêlant innovation technologique et respect de l’environnement.

Le choix des matériaux a été guidé par des préoccupations écologiques. Le béton utilisé intègre des granulats recyclés, et l’acier sera en grande partie issu de filières locales de recyclage. Les architectes ont également misé sur un design épur. Il intégre des espaces végétalisés et des éclairages LED basse consommation pour réduire l’empreinte carbone.

De plus, un système innovant de collecte des eaux de pluie sera intégré à la structure. Cette eau sera redistribuée dans des zones humides créées en contrebas du pont, favorisant la biodiversité locale et limitant les risques d’inondation. “Nous voulons prouver que modernité et écologie peuvent aller de pair”, affirme Yannick Lefèvre. C’est ingénieur en charge du projet.

Impact sur les mobilités

Avec une longueur de 300 mètres et une largeur de 35 mètres, le pont accueillera 6 voies. 2 seront réservées aux transports en commun, 2 pour les voitures et 2 pistes cyclables sécurisées. Un espace piétonnier large de 6 mètres, permettra également aux riverains de profiter de vues imprenables sur la Deule.

Ce nouvel axe devrait réduire significativement les embouteillages aux heures de pointe. Les trajets entre Bois-Blancs et Euratechnologies, actuellement de vingt minutes en voiture, pourraient passer à moins de cinq minutes, grâce à ce raccourci stratégique.

En outre, la création d’une voie dédiée au futur tramway lillois, ouvre de nouvelles perspectives pour le réseau de transport en commun. Le dossier est en pleine réorganisation depuis plusieurs années.

Chantier pharaonique maîtrisé ?

Derrière cette ambition se cache, toutefois, un chantier colossal. Estimé à 250 millions d’euros, le projet est financé à 60 % par la MEL, 20 % par des subventions de l’État et 20 % par des fonds européens.

Les travaux vont débuter en mars 2025. Ils nécessiteront la mobilisation de centaines d’ouvriers et de nombreuses entreprises locales. Le chantier pose cependant des défis logistiques importants : la nécessité de dévier la circulation fluviale sur la Deule, de limiter les nuisances pour les riverains et de respecter un calendrier serré.

La livraison du pont est prévue pour 2029. Cependant des voix s’élèvent déjà pour alerter sur de potentiels retards. “Un projet de cette ampleur comporte toujours des aléas. Nous mettons tout en œuvre pour les anticiper”, assure la présidente de la MEL, Audrey Linkenheld.

Symbole du futur

Si les défis sont nombreux, le projet suscite aussi beaucoup d’espoirs. Le pont sur la Deule ambitionne d’incarner la transition vers une métropole plus connectée, plus écologique et mieux adaptée aux besoins de ses habitants. Dans une région où la mobilité est au cœur des préoccupations, cette infrastructure pourrait bien devenir un symbole d’unité et d’innovation. Il reliera les Lillois au-delà des rives.

Les prochaines années seront décisives pour concrétiser cette vision. Une chose est sûre : ce pont, bien plus qu’un passage, sera un symbole fort du dynamisme de la métropole lilloise.

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