LENS
par Frédéric Pinchon
En matière de poubelle, une page se tourne pour les contribuables français. Dès le 1er janvier 2026, la très décriée taxe d’enlèvement des ordures ménagères TEOM, disparaît en France. Cette annonce, à première vue, peut prêter à un soulagement collectif. Pourtant, en y regardant de plus près, la réalité est loin d’être aussi réjouissante.

Cette suppression n’est qu’un prélude à un changement de paradigme fiscal. Ses contours se précisent : la TEOM sera remplacée par une nouvelle redevance. Il s’agira de la REOMi, ou Redevance d’enlèvement des ordures ménagères incitative. Cette transition risque de piquer au portefeuille.
La REOMi arrive
Le principe de la REOMi est simple, bien que potentiellement douloureux. Fini le calcul forfaitaire basé sur la valeur locative du logement. Le nouveau système se veut plus juste et plus écologique. Il s’agira, désormais, de payer en fonction de sa production de déchets. Un double objectif est affiché : inciter les ménages à réduire, trier et valoriser leurs déchets donc mieux répartir les coûts. Oui mais…
Exonérations possibles
Concrètement, la facture sera composée d’une part fixe. Elle couvrira les frais de fonctionnement de la collecte et des déchetteries. Il y aura aussi une part variable. Elle sera calculée sur la base du poids ou du volume de déchets non recyclables, produits par chaque foyer. Cette individualisation soulève, d’emblée, de nombreuses questions.

Le gouvernement évoque la possibilité d’exonérations ou de tarifs spécifiques “pour certains publics”. Si les contours précis restent à définir, les zones d’aménagement urbain prioritaires (ZUP), souvent caractérisées par des populations à faibles revenus, pourraient bénéficier de dispositifs adaptés. L’idée serait de ne pas pénaliser les foyers les plus modestes, tout en maintenant l’incitation au tri. De plus, en ZUP, les poubelles sont collectives. Point d’individualisation possible !
L’avis de la rue
Pour prendre le pouls de l’opinion publique, arpentons les rues de Lens, dans les Hauts-de-France. La ville est historiquement marquée par les bouleversements sociaux. L’annonce suscite un mélange de résignation et de scepticisme. “On nous enlève une taxe pour en mettre une autre, c’est toujours pareil”, confie Jean-Michel, retraité. Son ami Michel ajoute : “Je fais déjà le tri. Mais je crains que ça ne soit encore un prétexte pour nous faire payer plus.”

Plus loin, Marie, jeune mère de famille, est plus nuancée : “Si ça peut inciter les gens à moins jeter et à mieux trier, pourquoi pas. Mais il faudra que ce soit vraiment juste.” Selon la jeune femme, “Le poids des déchets doit être facile à mesurer. Sinon ça va être la pagaille”. Certes.
Pas la fin d’un impôts !
La fin de la TEOM ne marque donc pas une libération fiscale. C’est plutôt un nouveau chapitre de la fiscalité locale. Le citoyen devient acteur et responsable de ses déchets. Le succès de cette réforme dépendra de sa capacité à être équitable et pédagogique. Objectif : éviter de transformer une bonne intention écologique en une nouvelle injustice sociale. Affaire à suivre.
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