SOCIÉTÉ
par Frédéric Pinchon
Ce qui reste du gouvernement Bayrou souhaite supprimer 2 jours fériés – le lundi de Pâques et le 8-Mai – afin de dégager des économies substantielles dès 2026. La mesure qui fait déjà l’unanimité… contre elle.
Pourquoi ces 2 dates ?
Le calendrier n’a pas été choisi au hasard. Le lundi de Pâques, bien qu’historiquement lié à une fête chrétienne, est considéré par François Bayrou comme ayant perdu « toute signification religieuse ». Elle survient dans une période de l’année déjà riche en jours fériés. Et puis la France est un pays dit laïque. Quant au 8-Mai, jour de commémoration de la victoire de 1945, il fait l’objet d’un parcours complexe. Devenu férié en 1953, il a été supprimé entre 1959 et 1981, puis rétabli par Mitterrand.

L’idée serait de générer 4,2 milliards d’euros pour le budget 2026. L’idée est inspirée de la Journée de solidarité. La formule a été instaurée en 2004 : le jour serait travaillé — donc rémunéré — mais une partie des gains serait reversée à l’État par les employeurs. En clair, non seulement les Français perdront un jour férié mais le profit de leur travail ira dans les caisses de l’État !
Les Français fulminent
Selon un sondage Odoxa pour Le Parisien, 84 % des Français rejettent la suppression de ces deux jours.Parmi eux, 87 % des travailleurs ne veulent « même pas en entendre parler ». La mesure est perçue comme un « impôt déguisé » (80 %) et « inefficace face aux déficits » (66 %). Les secteurs comme l’hôtellerie-restauration alertent également. Pour ces métiers, ces jours représentent jusqu’à +25 % de chiffre d’affaires, des moments clés de fréquentation et de rentrées d’argent. Ils disparaîtraient sans compensation.

Pas une première mais presque ! La dernière modification comparable concerne le lundi de Pentecôte. Il avait été transformé en « journée de solidarité », en 2004. C’était à la suite de la canicule. Mais la suppression de jours fériés, au sens traditionnel, reste inédite depuis lors…
Sur le terrain à Lille
Ballade le weekend dernier dans les rues de Lille, café en main, pour recueillir quelques réactions :
« C’est juste injuste : on travaille déjà trop, maintenant on nous enlève ces moments pour souffler ! » – Nathalie, infirmière.
« Le 8-Mai, c’est important pour la mémoire. Le supprimer serait nier une partie de notre histoire. » – Ahmed, professeur en histoire.
« Moi je comprends, l’État cherche de l’argent… mais qu’il commence par taxer les grandes boîtes, pas les jours où on profite en famille ! » – Julie, caissière.

En somme, le choix du lundi de Pâques (symbolique mais perçu comme superflu) et du 8-Mai (forte valeur historique) illustre l’équilibre fragile entre économie et mémoire collective. Une mesure budgétairement ambitieuse, politiquement sensible… et socialement explosible.
– À lire aussi –
Fin de la taxe poubelle : la victoire peut coûter cher
Vendin-le-Vieil : la justice maintient 2 dangereux détenus en zone QHS
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.