BÉTHUNE
par Frédéric Pinchon
9 individus comparaîtront en novembre prochain devant le tribunal correctionnel de Béthune. Ils devront répondre d’une affaire aussi inédite que spectaculaire. Les prévenus sont accusés d’avoir organisé un vaste trafic de drogue… à l’aide de drones !

La substance prohibée était destinée à approvisionner plusieurs établissements pénitentiaires du Nord de la France. Selon les enquêteurs, ce réseau aurait généré plus de 2 M€ de chiffre d’affaire. Le trafic mêlait livraisons aériennes et blanchiment, via une supérette de façade.
Enquête coordonnées
L’enquête, menée par l’Office antistupéfiants (OFAST) et la police judiciaire de Lille, a mis au jour un système particulièrement sophistiqué. Les drones, pilotés depuis l’extérieur des enceintes pénitentiaires, livraient cannabis, cocaïne et téléphones portables, directement dans les cours de promenade.
La marchandise atterrissait aussi sur les rebords des fenêtres de cellules ! Une fois récupérée par les détenus, elle était revendue à prix d’or, à l’intérieur des établissements. Les bénéfices étaient ensuite réinjectés dans le circuit légal par une petite épicerie de quartier. Cette dernière servait de paravent financier au réseau.

La méthode d’acheminement n’a rien d’anecdotique : elle est en plein essor dans de nombreux centres d’incarcération français, où la surveillance peine parfois à contrer ces livraisons furtives. Tout récemment, à la prison de Vendin-le-Vieil, à quelques kilomètres de Béthune, plusieurs colis de stupéfiants et de téléphones ont été saisis. C’était après des vols de drones nocturnes. Les syndicats pénitentiaires alertent régulièrement sur ces pratiques. Elles déstabilisent le maintien de l’ordre derrière les barreaux et alimentent des violences liées aux trafics internes.
Lourdes peines de prison requises
Le procès s’annonce long et technique : prévu sur deux semaines, il devrait mobiliser de nombreux témoins. On attend notamment à la barre des experts en aéronautique, en téléphonie et des agents pénitentiaires. Le parquet de Béthune a déjà annoncé qu’il requerrait des peines exemplaires. Objectif : dissuader d’autres réseaux de recourir à ce mode de livraison. Les 9 prévenus encourent jusqu’à dix ans de prison et plusieurs centaines de milliers d’euros d’amende. Ils sont accusés de trafic de stupéfiants en bande organisée, association de malfaiteurs et blanchiment aggravé.

Reste à savoir si ces suspects sont déjà connus des services de police : selon les informations de la rédaction, plusieurs d’entre eux figureraient dans des fichiers pour des faits similaires de trafic de drogue ou de recel. Cela pourrait alourdir leur casier judiciaire et peser dans la décision des magistrats. Jugement attendu courant novembre.
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