LENS – VENDIN-LE-VIEIL

par Frédéric Pinchon

Le maire de Lens, Sylvain Robert, est songeur. Son inquiétude concerne l’éventualité de voir la prison de Vendin-le-Vieil devenir un centre de ultra haute sécurité. Il serait dédié aux 100 plus grands narcotrafiquants du pays. Parmi les 4 sites retenus par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, figure en effet cet établissement pénitentiaire, déjà sous tension.

Dans un courrier adressé au ministre, Sylvain Robert souligne que la prison de Vendin-le-Vieil n’est pas adaptée à un tel projet. Il met en avant le manque criant d’effectifs de police et de personnels pénitentiaires. Il rappelle que le territoire est pourtant classé en zone de sécurité prioritaire. “Nous faisons déjà face à une pression sécuritaire importante. Ajouter une telle structure sans moyens supplémentaires serait irresponsable”, explique le premier magistrat dans sa lettre.

Sur place, aux abords de la prison, les réactions sont mitigées. “On entend déjà parler d’évasions ou de tensions ici. Alors si on accueille les plus grands trafiquants, ça risque d’être ingérable”, confie Julien, un habitant de Vendin-le-Vieil. D’autres, en revanche, estiment que cette nouvelle affectation “pourrait renforcer la présence policière et sécuriser davantage la ville”.

Manque de gardiens à Vendin

Du côté des surveillants pénitentiaires de Vendin-le-Vieil, la crainte est palpable. “Nous sommes déjà en sous-effectif. On manque de moyens et de formations adaptées. Si cette prison devient un centre ultra-sécurisé, il faudra des effectifs à la hauteur”, déplore un agent. Il s’exprime naturellement sous couvert d’anonymat. Un autre surveillant s’inquiète du risque accru de violences et de tentatives d’évasion : “Ces détenus sont extrêmement organisés. Sans renforts, ce sera impossible de les gérer correctement.”

En plus des préoccupations sécuritaires, certains élus locaux craignent une dégradation de l’image de la région. “Ce projet risque de stigmatiser davantage notre territoire. Il est déjà marqué par des difficultés économiques et sociales”, explique un conseiller municipal. Pour lui, il serait plus judicieux d’investir dans la réhabilitation et la prévention, plutôt que de concentrer les criminels les plus dangereux dans une zone, où les ressources sont limitées.

Les habitants résignés

Les habitants, eux, oscillent entre résignation et opposition. “On a déjà des problèmes de délinquance et de chômage. Ce n’est pas en installant une prison ultra-sécurisée, qu’on va attirer de nouveaux investissements ou améliorer notre quotidien”, déplore Isabelle, une commerçante locale. Certains redoutent, également, une hausse des tensions entre familles de détenus et forces de l’ordre. Ceci créerait un climat encore plus difficile.

Pour l’heure rien n’est fait et les débats se poursuivent. Le gouvernement devra trancher en tenant compte des multiples défis soulevés par ce projet. Si la prison de Vendin-le-Vieil est confirmée comme site retenu, il faudra alors des engagements clairs en matière de renforcement des moyens humains et financiers. Ce serait la condition sinequanone pour éviter une situation explosive. L’avenir de cette prison et son impact sur la région de l’ex-Bassin minier lensois, restent donc en suspens.

Le centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil est une prison de haute sécurité inaugurée en 2014. Conçu pour accueillir des détenus purgeant de longues peines, l’établissement est doté de dispositifs de sûreté dits perfectionnés. Son architecture moderne vise à favoriser une prise en charge individualisée des détenus. Le c entre pénitentier offre, en parallèle, un environnement de travail apaisé pour les surveillants.

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