OIGNIES – ESQUELBECQ

par Frédéric Pinchon

La mémoire ne faiblit pas à Oignies et à Esquelbecq. Le 28 juin 1940, la France s’effondre sous l’assaut fulgurant de l’armée allemande. Les 2 communes du Pas-de-Calais sont le théâtre d’une tragédie dont les cicatrices restent visibles. Ce jour-là, des soldats allemands, dans un élan de vengeance et de terreur, commettent des massacres d’une rare violence contre des civils et des prisonniers de guerre français.

OIGNIES-ESCQUELBECQ.- La mémoire des massacres du le 28 juin 1940 perdure en Hauts-de-France.

À Oignies, le drame se noue en fin de journée. Les troupes de la Wehrmacht, croient à tort que des civils ont pris part à des combats contre eux. Ils rassemblent les hommes du village. 80 civils, essentiellement des mineurs, sont exécutés froidement. Des maisons sont incendiées laissant des familles brisées à jamais. Non loin de là, à Esquelbecq, 80 prisonniers de guerre français, pour la plupart originaires de la région, sont abattus. Ils venaient d’être enfermés dans une grange. Elle a été incendiée par les Allemands pour achever les survivants.

Des rescapés racontent

Aujourd’hui, rares sont ceux qui peuvent encore témoigner de cette barbarie. À 101 ans, Henri Lemoine, ancien mineur de Oignies, se souvient dans un souffle : « J’avais 16 ans… Mon père a été emmené avec les autres. On a entendu des coups de feu, puis le silence. C’est ce silence-là qui m’a hanté toute ma vie. » Il ajoute, les yeux embués de larmes : « On n’a jamais su pourquoi. Les Allemands ont dit représailles… Mais mon père n’avait jamais touché une arme. »

OIGNIES-ESCQUELBECQ.- La mémoire des massacres du le 28 juin 1940 perdure en Hauts-de-France.

À Esquelbecq, Madeleine Vasseur a 98 ans. À l’époque, elle était alors une adolescente de 13 ans. Son grand frère, caporal dans l’armée française, faisait partie des prisonniers. « On l’a appris des jours après. On n’a même pas pu l’enterrer. Ils les ont laissés là, dans les cendres », se souvient-elle. Elle montre une vieille photo de son frère, un sourire figé dans le temps : « Il avait 22 ans. Il voulait juste rentrer à la maison. »

Devoir de mémoire

Ces massacres, longtemps tus, ne doivent pas être oubliés. Des stèles ont été érigées. Des cérémonies commémoratives ont lieu chaque année. Cependant la mémoire s’efface, peu à peu, avec la disparition des survivants. Pourtant, à l’heure où l’Europe est à nouveau agitée de tensions, il est essentiel de rappeler ces tragédies, pour que jamais plus la barbarie ne se déchaîne sur l’innocence. « C’est notre devoir », conclut Henri « pour ceux qui ne sont jamais revenus. »

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