LENS – ROUVROY
par Frédéric Pinchon
Et si on parlait comme des petits vieux ? Il fut un temps où la médecine française incarnait une relation de confiance et de proximité entre un médecin de famille et ses patients. Ce praticien connaissait, non seulement, les antécédents médicaux de chacun mais, également, leur histoire personnelle. Cet avantage indéniable lui permettait de mieux comprendre leurs maux et de les accompagner dans leur guérison.
Aujourd’hui, cette image rassurante a laissé la place à une médecine industrialisée. Depuis le passage à l’an 2000, le patient est devenu un numéro dans une longue file d’attente. Paie et tais-toi ! En 2025, le malade, c’est juste une fiche sur un écran Doctolib ou Maiia : un rendez-vous à caser dans un planning surchargé, beaucoup d’argent à encaisser pour les médecins et au suivant.

Cette transformation radicale du milieu médical français s’illustre, notamment, par la généralisation des consultations en ligne. Désormais, il est possible de consulter son médecin à travers un écran, via une webcam, en quelques clics. Comment poser un vrai diagnostic médical dans ces conditions ? Comment procéder à une palpation ? Comment prendre la tension ou ausculter par internet ? Cette déshumanisation des soins n’est pas sans conséquence pour le malade. Elle réduit l’acte médical à une simple conversation, voire à un tchat, dénué de tout contact humain. Se voir en vrai, se parler et se comprendre, a toujours été au cœur de la relation patient-médecin.
Soins déshumanisés
En effet, parallèlement à ce pénible constat, la quête de profit semble, désormais, dicter la conduite de nombreux établissements de santé. Les dépassements d’honoraires se multiplient. Le patient passe souvent au second plan, derrière des considérations économiques. Récemment, à Lens (Pas-de-Calais), un sexagénaire souffre d’acouphènes. Muni d’une ordonnance des urgences du centre hospitalier (CHL), il a été reçu de manière expéditive (c’est un euphémisme !) par un ORL, à l’Espace santé, où on l’a pourtant dirigé.

Ne comprenant pas pourquoi un délai de huit mois est nécessaire pour le soigner, le malade s’est vu expulsé par le médecin, manu militari, avec ces mots cinglants : « Maintenant sortez, arrêtez de me prendre pour un con ! » Cette anecdote témoigne du mépris que peuvent, parfois, subir des patients déjà vulnérables. Celui-ci était fils de médecins. Il n’a toujours pas compris ce qui lui est arrivé : « J’ai cru que cet ORL allait me frapper. Son assistante ricannait bêtement. Mon père était gynécologue. Parfois, il se levait 3 fois la nuit pour aller à l’hôpital ». Dame ! Autres temps, autres mœurs.
Le malade s’aide grâce à l’IA
Dans un autre cas, dernièrement, un client consultait un urologue, à l’hôpital privé de Bois-Bernard. C’était suite à des PSA élevés, signes potentiels d’un cancer de la prostate. Inquiet, le patient a interrogé son soignant sur ses chances de survie et les traitements possibles. La réponse du médecin est consternante : « Je ne vais quand même pas vous faire un cours d’urologie. Faîtes une biopsie ». Biop quoi ? Cette réponse froide et condescendante, est bien loin de l’empathie attendue… Le cancéreux potentiel repart inquiet et angoissé.
Dans l’attente de l’intervention, internet est son ami… À défaut de mieux. Quoi que. Faute d’avoir pu établir le dialogue avec son urologue (jolie rime) le patient, féru d’informatique, à utilisé le logiciel gratuit pour Android Copilot IA de Microsoft. Le médecin humain lui a refusé son cours de biologie. Heureusement, l’intelligence artificielle le lui a offert en live et sans bourse délier. Le malade se serait cru dans un vrai cabinet médical mais avec le sourire en prime.
Fini le médecin de famille
Le temps du bon médecin de famille, capable de rassurer et d’accompagner ses malades, semble bien révolu. Aujourd’hui, certains généralistes, en première consultation, se demandent s’ils ont affaire à un homme ou à une femme, sans même lever les yeux ! Et que dire, enfin, de cette salle d’attente bondée où on lit sur une affiche : « Le secrétariat n’est pas un défouloir. » En clair, sois bête, paie et surtout tais-toi. Dans ces conditions, il est donc légitime de regretter l’époque où l’humain primait sur la machine.
Si la carte Vitale va tout va !
En 2025, tant que la carte Vitale est à jour, tout semble aller pour le mieux… Pour le système médical, du moins. Gageons que la médecine promise via BiomedGPT, sera plus humaine et peut-être encore plus efficace. Prié de réagir, le Conseil de l’ordre des médecins se montre, certes, attentif et à l’ecoute. Souvent, ses dirigeants sont « des vieux de la vieille ». Ils ont connu l’époque révolue ou « anciens » rimait avec « humains » même si ils ne le confessent pas. L’instance du Pas-de-Calais donnerait tout pour améliorer le bien-être des malades. Sauf qu’elle n’a rien à donner : veut mais peut peu… Alors, quid de la médecine en France pour 2050 ? Qui vivra verra !
– À lire aussi –
Violaines : un jeune motard transporté au CHU de Lille
Le RC Lens s’engage contre les violences sexuelles et sexistes
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.