ASSEMBLÉE NATIONALE

par Frédéric Pinchon

La voiture propre pour tous en France ce n’est pas pour demain. Quand Bruxelles émet une directive, elle doit être transposée dans le droit national des pays membres. C’est en principe une pure formalité, sauf que, parfois, l’Assemblée nationale française fait des siennes.

Électrique ou thermique il va bien falloir choisir.

Lundi, les parlementaires ont voté contre la fin programmée de la vente des voitures thermiques. Cette décision devait entériner l’interdiction à partir de 2035. Cependant elle marque un coup d’arrêt aux ambitions écologiques du gouvernement. Les conséquences de ce rejet se feront sentir à court, moyen et long terme. Elles impacteront à la fois l’industrie automobile, les consommateurs et les objectifs climatiques de la France.

Transition écologique en berne

La décision de l’Assemblée nationale surprend, alors que la France, à l’instar de ses voisins européens, s’était engagée à réduire ses émissions de Co2, en soutenant le passage aux véhicules électriques. À court terme, cette décision pourrait encourager les constructeurs automobiles à maintenir la production de véhicules thermiques. Ceci freinerait les investissements dans les nouvelles technologies et la transition vers des véhicules plus propres.

Les députés font un pas en arrière.

D’un point de vue économique, l’impact risque d’être immédiat. Les constructeurs français, notamment Renault et Stellantis, avaient déjà commencé à réorienter leur stratégie vers l’électrique. Selon un expert en économie automobile interrogé, cette décision “crée une incertitude chez les industriels, car ils ne savent plus quelles directions prendre pour préparer l’avenir.” Cette situation risque de retarder les investissements et d’augmenter la concurrence avec des pays comme la Chine. Là-bas, la production de voitures électriques est en plein essor.

Des chauffeurs partagés

Dans la rue, les avis sont partagés. Stéphane, 45 ans, conducteur d’une voiture diesel, se réjouit de la décision : “On nous pousse à acheter des voitures électriques hors de prix alors que les thermiques sont encore fiables. Ce n’est pas demain que je pourrai m’acheter une Tesla !” Pour lui, cette loi aurait avantagé les plus riches, capables d’acheter des véhicules propres. Comme Stéphane, de nombreux automobilistes estiment que “le marché des véhicules électriques est encore trop cher et peu accessible aux classes moyennes et populaires”.

Cependant, pour d’autres, cette décision est un pas en arrière. Sophie, propriétaire d’une voiture hybride, explique : “Je suis passée à l’hybride pour réduire mon empreinte carbone. On doit encourager tout le monde à faire de même. L’interdiction des voitures thermiques allait dans ce sens”. Pour elle, la mesure était nécessaire pour inciter les constructeurs à innover et les consommateurs à changer de mode de transport. Selon Sophie, la transition vers des véhicules propres est inévitable : “Repousser cette échéance ne fait que retarder l’adaptation”.

Impact climatique et économique

À moyen terme, la France pourrait prendre du retard par rapport à ses partenaires européens. Le rejet de cette mesure affaiblit la position du pays sur la scène internationale, en matière de lutte contre le changement climatique. D’autres pays de l’Union européenne, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, poursuivent leur objectif de verdir le secteur automobile. Ceci risque de rendre les véhicules français moins compétitifs sur le marché européen.

Les parlementaires veulent garder les voitures thermiques en 2035.

De plus, le coût environnemental de cette décision se fera sentir. En laissant plus longtemps sur les routes des véhicules thermiques, la France s’expose à une augmentation de ses émissions de Co2. Ses objectifs climatiques pour 2050 en seraient compromis. Jean-Baptiste, expert en climatologie, s’inquiète : “Sans des mesures radicales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, on court à la catastrophe. Ce vote risque d’accentuer encore le retard dans la lutte contre le réchauffement climatique.”

Conséquences sur la santé

À long terme, le maintien des voitures thermiques pourrait, aussi, avoir un impact sur la santé publique. L’exposition prolongée aux polluants, issus des moteurs à combustion, est un facteur aggravant de maladies respiratoires et cardiovasculaires. Un rapport récent de Santé publique France indique que la pollution de l’air est responsable de près de 40.000 décès prématurés chaque année. Le rejet de cette loi risque donc de prolonger cette situation.

Les défenseurs des voitures thermiques, comme Jacques, un retraité, soulignent cependant que les technologies actuelles, comme les carburants synthétiques ou les moteurs hybrides, pourraient permettre de réduire ces émissions tout en conservant les voitures thermiques. “Ce n’est pas tout blanc ou tout noir”, insiste-t-il.

La généralisation des voitures propres n’est pas pour demain.

Le rejet de l’interdiction des ventes de voitures thermiques par l’Assemblée nationale soulève des questions cruciales. À court terme, les consommateurs et les industriels restent dans l’incertitude. A moyen terme, le pays pourrait se retrouver à la traîne en matière d’innovations vertes. A long terme, les conséquences sur le climat et la santé pourraient être lourdes. Le débat est loin d’être clos.

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