INSTITUTIONS

par Frédéric Pinchon

En France, la distribution du courrier est régie par un principe simple et immuable depuis des décennies : 6 jours par semaine, du lundi au samedi, chaque citoyen reçoit son courrier. Pourtant, ce service public, fondamental dans la relation entre l’État et la population, semble confronté à des bouleversements majeurs. En cause, la baisse drastique du nombre de plis envoyés. Cet état de fait est associé à la montée en puissance du numérique. Dans ce contexte, des voix s’élèvent pour proposer une révision de la fréquence de distribution. La Cour des comptes vient de proposer de passer le nombre des tournées postales hebdomadaires de 6 à 5, voire 3. L’idée d’un service à la demande est aussi lancée.

Face à l'effondrement du courrier postal, on pourrait passer de 6 à 3 distributions par semaine ou au service à la demande.
La relation de proximité avec son postier disparaît.

La tendance est claire : le volume de courriers, traités par La Poste, s’effondre. De 18 milliards de plis en 2008, le groupe est passé à seulement 6 milliards en 2023. En parallèle, La Poste fait face à des défis organisationnels importants. En début d’année, l’entreprise nationale a accumulé des retards massifs dans la distribution du courrier. C’est la conséquence d’une gestion parfois difficile des moyens humains et matériels, couplée à la baisse continue du volume à traiter.

Distribution moins fréquente ?

Cette baisse affecte, également, les points de contact avec les usagers. Des bureaux ferment ou réduisent leurs horaires d’ouverture. Dans certaines zones rurales, la fermeture de bureaux a déjà eu des répercussions sur la vie locale. Ce constat isole encore davantage des populations parfois déjà fragilisées. Ce contexte économique et social pousse La Poste à envisager des transformations profondes pour s’adapter à la nouvelle réalité.

Alors que les colis continuent de croître, avec le développement du commerce en ligne, le courrier lui, voit sa part décliner. Des propositions de réduction de la fréquence de distribution des lettres ont ainsi émergé. Passer de 6 à 3 jours par semaine ou instaurer des distributions uniquement sur demande, sont des pistes envisagées pour réduire les coûts d’exploitation. Cette idée ne fait pas l’unanimité. Pour les syndicats, cela risquerait de précariser davantage les emplois au sein de l’entreprise et de détériorer le service rendu aux usagers. En effet, certains n’ont pas accès aux technologies numériques.

Face à l'effondrement du courrier postal, on pourrait passer de 6 à 3 distributions par semaine ou au service à la demande.
Cette image légendaire du tri postal pourrait bientôt disparaître…

La Poste, entreprise centenaire, n’a cependant pas attendu 2023 pour amorcer des transformations. Face à la baisse du courrier, le groupe s’est réorienté vers de nouveaux secteurs d’activité, notamment la livraison de colis et le développement de services numériques. Mais ces efforts suffiront-ils à enrayer la chute du courrier papier ? Le numérique semble avoir pris une place prépondérante dans nos vies, et la question de l’avenir du courrier postal se pose avec de plus en plus d’acuité.

La Poste acteur en mutation

Qu’en pensent les Français ? Certains avouent utiliser La Poste juste pour envoyer de lettres administratives. D’autres, comme Mathilde, une retraitée rencontrée à Lille, se disent très attachés au courrier postal : « J’ai toujours envoyé des lettres. Pour moi c’est un lien avec mes proches. Si le service postal disparaissait, ce serait un choc. » Dans les entreprises, aussi, le courrier devient de plus en plus marginal. Thierry est le gérant d’une PME à Arras. Il admet avoir numérisé une grande partie de son activité : « Avant, on recevait tout par courrier : les factures, les commandes. Aujourd’hui, ça passe par email. La Poste ça sert surtout à envoyer des colis maintenant. »

Et si La Poste disparaissait ?

Dans la rue, l’idée d’une société « tout numérique » est perçue de manière contrastée. Les jeunes générations, nées avec internet, voient dans cette évolution un signe de progrès. En revanche, certains redoutent que cette transition laisse de côté une partie de la population. « Tout le monde n’a pas un ordinateur ou un smartphone, surtout dans les zones rurales », rappelle Jean-Pierre, un habitant de Saint-Pol-sur-Ternoise.

Face à l'effondrement du courrier postal, on pourrait passer de 6 à 3 distributions par semaine ou au service à la demande.
Le facteur et son vélo font partie de la vie des Français depuis le 18e siècle.

Il est probable que l’on assiste, dans les prochaines années, à une transformation radicale de La Poste. Si le courrier papier continue de perdre du terrain, la distribution postale quotidienne pourrait bien appartenir au passé. La Poste va devoir continuer à se réinventer pour rester un acteur clé de la vie économique et sociale en France. Mais une chose est sûre : la question de la fin de la distribution postale ne relève plus de la science-fiction. Cette réalité s’impose progressivement.

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