CALAIS

par Frédéric Pinchon

L’hôpital local fait face à une crise qui s’étend au-delà des salles d’attente et des chambres de patients. Depuis plusieurs mois, des propriétaires d’appartements, loués par le centre hospitalier de Calais (CHC) pour loger des professionnels de santé, dénoncent des retards de paiement. On parle même de loyers impayés. Une situation qui, pour certains, devient préoccupante. Elle laisse planer de nombreuses interrogations sur la gestion immobilière du CHC.

Attirer les professionnels

Comme beaucoup d’hôpitaux de taille moyenne, celui de Calais doit faire face à un problème récurrent : la pénurie de médecins et autres professionnels de santé. Pour combler ces manques, le site recrute parfois des praticiens venant de loin, qu’il doit attirer par divers moyens. Parmi ces incitations, la mise à disposition de logements temporaires est souvent un levier efficace. Le CHC loue, ainsi, des appartements en ville afin de loger ces professionnels, facilitant leur installation à Calais.

Ces logements sont utilisés principalement par des internes en médecine, des médecins intérimaires, ou encore des infirmiers. Tous sont recrutés pour des missions temporaires. “L’idée est de leur offrir une transition douce, le temps de trouver un logement permanent ou terminer leur mission”, explique un responsable de l’hôpital, sous couvert d’anonymat.

Les praticiens temporaires ne peuvent pas loger à l’hôpital.

Depuis quelques mois, les propriétaires d’une poignée de ces appartements sont confrontés à une réalité bien différente. Les loyers, habituellement réglés en temps et en heure, se font de plus en plus attendre. Certains ne sont tout simplement pas payés. Le centre hospitalier de Calais (CHC) semble pris dans une spirale de dettes. Les causes demeurent floues.

Propriétaires exaspérés

Direction le terrain. Alain, retraité calaisien, loue 2 appartements au CHC. Il confirme son désarroi : “Depuis six mois, j’attends des versements qui ne viennent jamais. On me dit que ça va s’arranger mais rien ne bouge.” Des loueurs partagent ce même sentiment de frustration.

Certains n’ont perçu aucun loyer depuis plusieurs mois. D’autres disent avoir reçu des paiements partiels sans aucune explication. Anne-Marie possède un appartement loué à un interne. Elle confie : “On nous dit que l’hôpital traverse une période difficile. On a des charges à payer. Ce n’est pas notre rôle de supporter cette crise”, s’indigne-t-elle.

Le défaut d’encaisser un loyer ne dispense pas le propriétaire d’acquitter ses charges.

Certains propriétaires ont déjà pris des mesures plus radicales. Des courriers de mise en demeure ont été envoyés. Des menaces de procédures légales planent dans l’air pour récupérer les sommes dues. La situation commence à ternir les relations entre l’hôpital et les loueurs.

Les raisons des impayés

Face à cette vague de mécontentement, le CHC a tenté de rassurer plusieurs fois. Dans un message adressé aux propriétaires concernés, la direction évoque des difficultés budgétaires. Elle les lie à des contraintes financières plus larges. “Nous faisons face à des restrictions budgétaires importantes, imposées par l’Agence régionale de santé (ARS)”, peut-on lire dans un courrier. Il date de janvier dernier. Ces contraintes auraient retardé le règlement des loyers…

Toutefois, certains soupçonnent que la cause du problème dépasse la simple question des restrictions budgétaires. “Il y a certainement un manque de coordination en interne”, affirme un ancien cadre de l’hôpital, aujourd’hui à la retraite. “Ces retards de paiement pourraient être liés à des dysfonctionnements administratifs ou à un manque de personnel pour gérer les dossiers.” Normalement quand on loue à l’Etat, on le fait avec un minimum de confiance et sans souscrire d’assurance contre les loyers impayés.

À côté de l’hôpital des logements sont loués.

En effet, plusieurs services du CHC semblent, aujourd’hui, débordés par une surcharge de travail. “Nous manquons de bras dans presque tous les départements, y compris celui des finances”, admet un membre du personnel hospitalier. “La gestion des logements est devenue un fardeau de plus dans un contexte déjà tendu.”

Locataires dans l’incertitude

Du côté des locataires, la situation est tout aussi complexe. Des internes et intérimaires rencontrés n’étaient pas au courant des problèmes de paiement entre hôpital et propriétaires. Mathilde est interne en médecine, logée depuis six mois,. Elle se dit “choquée” d’apprendre que son loyer n’a pas été réglé. “Je pensais que tout était pris en charge. Je n’ai jamais eu de nouvelles à ce sujet.”

D’autres, en revanche, se retrouvent dans une position inconfortable. “Le propriétaire m’a prévenu qu’il pourrait ne plus me louer l’appartement si la situation ne se régularise pas”, raconte Mehdi, infirmier intérimaire, venu de Lille. “Je comprends qu’il soit en colère. Nous, les locataires, on n’y est pour rien.”

Un avenir incertain

La question cruciale se pose : comment cette situation va-t-elle évoluer ? Les autorités hospitalières affirment travailler à trouver une solution pour régulariser les paiements et apaiser les tensions avec les propriétaires. Mais sans plan concret, l’avenir reste incertain.

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