RETRAITES

par Frédéric Pinchon

L’annonce de François Bayrou, affirmant qu’il ne reviendrait pas sur le report de l’âge de départ à la retraite à 64 ans, a suscité de nombreuses réactions dans les Hauts-de-France. Cette région, marquée par une forte tradition industrielle et syndicale, est particulièrement sensible aux questions sociales et économiques. De Lille à Calais, en passant par Lens, Arras, Béthune et Boulogne-sur-Mer, les réaction à la déclaration du premier ministre sont partagés. On note à la fois incompréhension, résignation et sentiment de trahison.

Lille : l’écoeurement

À Lille, la capitale régionale, les réactions sont mitigées. « C’est une déception mais pas une surprise », déclare Sophie, une infirmière de 45 ans. « On savait que ce gouvernement ne reculerait pas. Mais venant de Bayrou, c’est quand même un choc », dit-elle. Elle poursuit : « Il s’était positionné comme un modéré, un défenseur du dialogue social. » Dans cette ville où les mobilisations sociales sont fréquentes, nombreux sont celles et ceux qui perçoivent cette déclaration comme une trahison. Le sentiment dominant ? « Une classe politique qui ne comprend pas les réalités du terrain », résume un syndicaliste de la CGT.

François Bayrou ne retourne à l'âge de départ à 62 ans. Les réactions dans les Hauts-de-France.

À Lens, ancienne cité minière, le discours est plus empreint de résignation. « Ça fait des années qu’on nous dit que la retraite à 60 ans, c’est fini », témoigne Bernard, ouvrier à la retraite. « On a d’abord vu Mitterrand la ramener de 65 à 60 ans en 1981. Puis, au début des années 2000, c’est repassé à 62 ans. Maintenant, c’est 64 ans. Où s’arrêtera-t-on ? » Pour lui, c’est un énième coup porté aux travailleurs. « On est fatigués de ces promesses non tenues. »

Arras : hostilité palpable

À Arras, ville plus bourgeoise et capitale du Pas-de-Calais, certains se montrent plus compréhensifs. « L’équilibre du système de retraite est en jeu », explique Jean-Luc, chef d’entreprise. « Il faut être pragmatique. Nous vivons plus longtemps, il est donc normal de travailler plus longtemps. » Cependant, cette position est loin d’être partagée par tous. Dans les rues de la ville, l’hostilité reste palpable.

François Bayrou ne retourne à l'âge de départ à 62 ans. Les réactions dans les Hauts-de-France.

Dans le Béthunois, bastion ouvrier, le ressentiment est palpable. « On nous a promis des réformes justes, mais au final, ce sont toujours les mêmes qui paient », s’indigne Fabien, délégué syndical FO. « Bayrou fait partie de ce système qui nous écrase petit à petit. »

Calais : incompréhension

Sur la côte, à Boulogne-sur-Mer et à Calais, la réaction est similaire. « C’est toujours facile pour eux de parler de prolonger la durée de travail. Ici, beaucoup ont des carrières dures et précaires », affirme Marie, employée dans une usine de transformation de poissons. « Ceux qui prennent ces décisions ne comprennent pas la réalité des ouvriers. »

Ainsi, dans les Hauts-de-France, l’annonce de François Bayrou est largement perçue comme un coup dur, sinon une trahison pour beaucoup de travailleurs.

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